28 novembre 2016

CFTC BPCE Sa: François Fillon : ses dix propositions phares

ISABELLE FICEK, CLAIRE BAUCHART, INGRID FEUERSTEIN, GUILLAUME DE CALIGNON, LEÏLA DE COMARMOND, SOLVEIG GODELUCK 

Le 27/11 à 20:32 

les echos.fr

Tour d'horizon des principales mesures défendues par François Fillon

Un Code du travail allégé

« Il existe en France une peur d'embaucher qui est liée à la rigidité et à la complexité du droit du travail », écrit François Fillon dans son programme. Pour y remédier, le député de Paris entend « recentrer le Code du travail sur les normes sociales fondamentales, qui ne représentent qu'environ 150 pages sur 3.400. » Le reste incomberait à la négociation au niveau de l'entreprise ou des branches. Un programme qui correspond à ce que demande le patronat.
François Fillon veut aussi mettre un terme au monopole syndical au premier tour des élections professionnelles. Cela reviendrait à instituer une liberté de candidature individuelle, sans nécessairement être adossé à un syndicat. Un vrai bouleversement. Pour lever les freins à la création d'emplois, l'ancien Premier ministre compte sur l'instauration d'un « contrat de travail avec des modalités de rupture prédéfinies et progressives ». François Fillon entend également «introduire le motif de réorganisation de l'entreprise dans les procédures de licenciement collectif ». Le vainqueur de la primaire veut également relever les seuils sociaux de 10 à 50 salariés et de 50 à 100 salariés.

Une allocation sociale unique

Pour un « meilleur contrôle des aides », mais aussi pour réaliser des économies, lui qui en promet 100 milliards d'euros sur la durée du quinquennat, François Fillon veut mettre en place une « allocation sociale unique » (ASU) qui regrouperait le RSA, l'allocation spécifique de solidarité, la nouvelle prime d'activité, les allocations logement. Cette ASU intégrerait les « montants versés au titre des autres prestations sociales et des allocations chômage » et serait plafonnée. Cela afin qu'il soit plus « payant », dit le candidat, de travailler. Cette aide unique serait centralisée dans un même organisme, qui connaîtrait la situation fiscale du foyer. Encore une fois dans un souci de contrôle.
Aussi, le député de Paris souhaite non seulement plafonner les allocations chômage afin que le taux de remplacement net du revenu n'excède pas 75 % mais aussi y introduire une « dose de dégressivité. »Il avance également que la règle selon laquelle deux refus d'offres d'emploi dites raisonnables entraînent la perte des droits au chômage doit être strictement appliquée.

Le départ à la retraite reporté à 65 ans

François Fillon veut reporter l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans d'ici à 2022 pour sauver le financement du régime général des retraites. « C'est la condition pour qu'à l'avenir les retraites ne diminuent pas », explique-t-il. Il veut aussi « harmoniser graduellement » les régimes privés, publics et spéciaux (RATP, SNCF...) : même âge de départ, mêmes modalités de calcul alors qu'aujourd'hui on se réfère aux six derniers mois de la carrière d'un fonctionnaire, mais aux 25 meilleures années d'un salarié du privé. A long terme, les retraites de base et complémentaires devront, selon lui, fusionner pour constituer un régime par points, où l'âge de départ n'est pas le même pour tous. Enfin, François Fillon souhaite mettre en place un étage de retraite par capitalisation « de type Perco-PERP »pour compléter le régime par répartition.

La TVA sociale

C'est une nouvelle hausse de TVA qui attend les Français en cas d'alternance en mai 2017. François Fillon promet une hausse de 2 points à la fois du taux normal et du taux intermédiaire, déjà relevés respectivement à 20 % et 10 % en 2014. Cela rapporterait 16 milliards d'euros de recettes supplémentaires pour financer une baisse des charges patronales sur l'ensemble des salaires, et pas uniquement sur les bas salaires comme cela a été fait sous ce quinquennat.
A quoi viendrait s'ajouter la suppression de 15 milliards de taxes assises sur la masse salariale, de type versement transport ou cotisations FNAL. Une baisse du taux de l'impôt sur les sociétés à 25 % est envisagée mais elle serait en partie compensée par des mesures visant à accroître l'assiette, réputée pour être « mitée » en France. Reste à voir comment cette proposition évoluera durant la campagne, sachant qu'Alain Juppé était plutôt favorable à une hausse de 1 point de la TVA, qui aurait moins d'effet sur la consommation.

L'allégement de la fiscalité du capital

Pour la première fois depuis 1986, la droite est prête à faire tomber le totem de l'ISF. François Fillon annonce la suppression de cet impôt, qui rapporte tout de même 5 milliards à l'Etat. « Il suffit d'aller à Bruxelles ou à Genève pour voir ce que coûte cet impôt à notre économie », a-t-il lancé lors du débat de jeudi soir . Pour pallier la disparition de l'ISF-PME, dont vivent certains fonds d'investissement, il est prévu de créer un dispositif pour inciter à investir dans des PME, sur le modèle du dispositif Madelin, mais avec un plafond et une déduction bien plus élevés : il est question de permettre une réduction d'impôt à hauteur de 30 % des investissements, jusqu'à 1 million d'euros investi.
Enfin, le projet du député de Paris prévoit de revenir à une taxation forfaitaire des revenus du capital, au taux de 30 % (prélèvements sociaux inclus). François Fillon entend ainsi s'attaquer à l'une des mesures symboliques prise par la gauche en début de quinquennat, la taxation au barème de l'impôt des revenus tirés des placements financiers, qui avait soulevé le mouvement des « pigeons » et placé la France parmi les pays européens où le capital est le plus imposé.

Un coup de pouce fiscal pour les familles aisées

Machine arrière sur le quotient familial. Après les deux coups de rabot successifs du quinquennat Hollande, François Fillon souhaite relever généreusement le plafond du quotient de 1.500 à 3.000 euros par demi-part, un niveau même supérieur à celui de 2012 (2.300 euros). Le député de Paris a aussi promis de rétablir les allocations familiales au même niveau pour tous les ménages, ce qui coûterait 800 millions d'euros. Les aides aux particuliers employeurs devraient être maintenues, alors que ses concurrents dans la course à la primaire proposaient de nets allégements.
Une mesure concernera l'ensemble des ménages : il s'agit de la suppression de la cotisation salariale maladie, qui se fera sentir d'emblée sur le salaire net au bas de la fiche de paie. Son coût sera très élevé puisqu'il est estimé à 5,5 milliards d'euros,

Un statut de prestataire indépendant

C'est l'un des chevaux de bataille du candidat. Sur les conseils d'Hervé Novelli, ancien secrétaire d'Etat au Commerce et initiateur du statut d'autoentrepreneur, François Fillon entend créer un statut de prestataire indépendant. Celui-ci serait « irrévocable » pendant trois ans, c'est-à-dire que l'Inspection du travail ne pourrait pas requalifier ce statut en contrat de travail, même si la totalité du chiffre d'affaires est effectué avec une seule entreprise. L'objectif affiché est de créer 1 million d'emplois en trois ans.
Parallèlement, le plafond de chiffre d'affaires autorisé par autoentrepreneur serait revu à la hausse. Et les jeunes pourraient, dès 16 ans, devenir autoentrepreneurs. L'idée est de profiter à fond de la révolution numérique, censée créer des emplois tout en ayant besoin de flexibilité supplémentaire. Les artisans et les commerçants pourraient bénéficier d'une franchise de TVA au même niveau que les autoentrepreneurs, jusqu'à 50.000 euros de chiffre d'affaires dans les services et 120.000 dans les activités d'achat-revente.

500.000 fonctionnaires de moins

Lorsqu'il était à Matignon, il avait supprimé près de 150.000  postes de fonctionnaires. François Fillon promet presque quatre fois plus s'il s'installe à l'Elysée, avec la réduction d'un demi-million du nombre d'agents publics entre 2017 et 2022. Sur le papier, l'exercice est jouable si l'on ne renouvelle aucun des postes de contractuel qui arrivent à leur terme entre 2017 et 2022 en plus de ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.
Mais on peut se demander si l'ancien Premier ministre n'a pas un peu surdimensionné sa proposition. Son calcul vaut dans le scénario d'un âge légal de retraite de 62 ans et non de 65 ans... Il suppose en outre que les collectivités locales, sur lesquelles l'Etat n'a pas l'autorité, jouent le jeu. Et que l'on supprime beaucoup de postes à l'hôpital, ce qui ne s'est jamais fait.

La fin des 35 heures

François Fillon a les 35 heures dans le collimateur. Mais pas seulement. C'est la logique même de la fixation par la loi d'une durée légale qu'il veut supprimer du Code du travail, où seules subsisteraient les durées maximales issues de la réglementation européenne de 44 et 48 heures hebdomadaires. L'ancien Premier ministre veut renvoyer à la négociation dans l'entreprise la détermination de l'horaire collectif de travail à compter duquel se déclenchent les heures supplémentaires dans le secteur privé. Mais que se passera-t-il si l'employeur et les représentants des salariés ne parviennent pas à un accord ? Quelle durée du travail s'appliquera ? Pour l'heure, le flou domine sur les modalités d'application concrètes de la réforme.
Du côté des fonctionnaires, François Fillon veut appliquer une règle simple : passer tout le monde à 39 heures, dès 2017. Et ce alors même qu'un récent rapport a rappelé l'extrême diversité des temps de travail dans la fonction publique, liée notamment à l'existence de sujétions particulières. Se pose la question du coût budgétaire d'une hausse du temps de travail des fonctionnaires, alors que les baisses d'effectif s'étaleraient, elles, sur cinq ans. Si François Fillon exclut de discuter durée du travail, la contrepartie salariale de la hausse du temps de travail pourrait être négociée.

Un effort de 12 milliards pour la sécurité


L'ancien Premier ministre a promis d'investir 12 milliards supplémentaires dans la défense, la police et la justice. L'accent mis sur la « réponse pénale » impliquera davantage de magistrats mais aussi la construction de 16.000 places supplémentaires de prison. François Fillon veut aussi faire porter l'effort sur les matériels dans la police, lui qui veut que la police municipale soit armée et puisse effectuer des contrôles d'identité pour en faire une « vraie police de proximité ». Il veut créer un grand ministère de l'Intérieur qui réunirait police, gendarmerie, administration pénitentiaire, douanes.

Notre avis:
Pas encore. la dîme et les châtiments corporels, mais ça arrive ! 

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