22 juin 2015

CFTC BPCE Sa : Début du procès de F Pérol

Le procès Pérol ne sera pas celui du système Sarkozy

VALERIE DE SENNEVILLE / JOURNALISTE | 
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Le procès du patron de BPCE et ancien secrétaire général adjoint de Nicolas Sarkozy pour « prise illégale d’intérêts »a démarré ce lundi matin. François Pérol défend son expérience et son éthique personnelle. François Pérol est arrivé au palais de justice de Paris peu avant 9h et a commencé par s’asseoir au fond de la salle d’audience des écouteurs aux oreilles. Comme pour mieux s’abstraire du moment ? L’ex directeur adjoint de cabinet de Nicolas Sarkozy est poursuivi pour « prise illégale d’intérêts ». Il lui est reproché d’avoir accepté en février 2009 de prendre la tête du groupe issu du mariage entre la Banque populaire et la Caisse d’épargne (BPCE), alors qu’il avait suivi cette fusion à l’Elysée.En ouvrant l’audience, le président Peimane Ghalez-Marzban a tenu à prévenir  : « Ce procès ce n’est pas celui d’un quelconque système. Ce procès c’est le vôtre Monsieur Pérol et le tribunal aura à cœur de travailler sur chaque élément de ce dossier. On ne pourra juger que si l’on comprend ». Et des questions le tribunal en a beaucoup : comment s’est fait le projet de fusion entre la Banque Populaire et la Caisse d’Epargne ? Quelle a été la part des pouvoirs publics dans le choix ? Est-ce que le président de la République a eu ou pas une influence ? Mais aussi est-ce que François Pérol a eu un incident sur les choix qui ont été faits ?

Etrange coup d’accélérateur

Et le président de remarquer dans le dossier d’étranges coup d’accélérateur, comme cette réunion du 21 février 2009 « au cours de laquelle une première indication est donnée de ce que François Pérol pourrait être le futur président. Et il y a comme une sorte de compression du temps, puisque dès la mi-janvier les réunions se sont accélérées et que dès le 20 février monsieur Guéant téléphone à la commission de déontologie pour savoir si la nomination de M. Pérol poserait problème », remarque le président. Il cherche effectivement à comprendre ce « spasme » au cours de cette période où « des noms apparaissent jusqu’à mi-janvier et puis il y a un décrochage ». « L’origine du futur dirigeant c’est le débat central » insiste le président
Debout costume et cravate noirs, la gorge parfois noué, François Pérol va passer la matinée, stoïque, à répondre aux premières questions, hésitant entre l’attitude du bon élève et l’innocence de bon aloi. Et cette question d’emblée du président : « quelle est votre conception de la déontologie d’un membre de cabinet monsieur Pérol  ? ». François Pérol baisse la tête  :« la meilleur protection pour la déontologie, c’est l’expérience et le caractère qui permettent de faire la différence entre le professionnel et non professionnel »

Quand sphère privée et sphère publique donnent l’impression d’être poreuses

Séance définition finie, place aux pièces du dossier. A commencer par ces mails de l’avocat François Sureau, avocat de la Caisse nationale des Caisses d’Epargne (CNCE), adressés bien souvent à Charles Milhaud, leur patron de l’époque. Ils sont arrivés par lettre anonyme dans le bureau du juge d’instruction. Celui-ci daté du 3 avril 2004 : « En effet, Musca m’avait dit qu’il restait. Il est assez lié avec Sarkozy, ce que peu de gens savent, depuis l’époque de Balladur. Quant à Pérol qui il y a peu voulait aller dans une banque d’affaires, il se dit que Sarko mérite peut être un détour.. Par l’intermédiaire de Darrois qui est très lié à Sarkozy, j’ai recommandé Rémont qui s’occupe parfois de nos affaires et devrait rester aussi ». Ou celui du 30 novembre 2004, dont l’objet est « Gaymard et Grapinet », courrier toujours entre François Sureau et Charles Milhaud, ce dernier lui demandant : « les connais-tu ? ». Et d’obtenir pour réponse : « Je connais assez bien Gaymard. Mon père est en outre très copain avec lui. Je lui ai mis un mot hier pour lui recommander de prendre Rémont comme dir.Cab adjoint, à la place de Pérol qui va chez Rothschild ».
Le président n’omet aucun détaille puis assène : « vous n’avez pas l’impression monsieur Pérol que cela donne un caractère poreux assez étonnant entre la sphère publique et la sphère privée ? Comme si l’idée c’était d’avoir toujours quelqu’un dans la place à qui s’adresser ? ». François Pérol sent le piège et « comprend » que ces mails puissent donner « une impression désastreuse. Mais les recommandations de monsieur Sureau n’ont d’importance pour personne ». Ulrika Weiss, la procureur intervient  : « cela donne en tout cas une idée de la psychologie de mauvaises pratiques de M. Milhaud ».
L’audience se poursuit sur le passage de François Pérol comme associé gérant de la banque Rotshschild. 

@VdeSenneville

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