28 juin 2015

CFTC BPCE Infos: Du rififi au comité d'établissement de Natixis


VERONIQUE CHOCRON / JOURNALISTE AU SERVICE FINANCE | LE 26/06 À 06:00

Deux récents rapports posent un diagnostic alarmant sur de nombreux dysfonctionnements
 dans la gestion des activités du comité d'établissement (CE) de Natixis. -

Un rapport d'inspection relève de nombreux dysfonctionnements dans la gestion du CE.
Le cabinet Technologia évoque en outre un climat de travail « fortement dégradé ».
Que se passe-t-il au sein du comité d'établissement (CE) de Natixis ? La structure, qui fait bénéficier 6.800 collaborateurs de la banque d'activités sociales et culturelles pour un budget de 11 millions d'euros, s'est enlisée ces dernières années dans une crise profonde. Deux récents rapports posent un diagnostic alarmant sur de nombreux dysfonctionnements dans la gestion des activités du CE et sur l'ambiance de travail au sein d'une équipe de 42 personnes (à fin 2013), en partie constituée de représentants du personnel élus par les salariés.
Le cabinet d'évaluation des risques professionnels Technologia pointe, dans un audit remis en janvier dernier, des « accusations graves » (vol et couverture de pratiques frauduleuses) et « des ressentis » de comportements violents (agressions verbales, menaces physiques, mises à l'écart), de propos sexistes et racistes. « Il convient de les prendre au sérieux puisqu'ils traversent l'ensemble du collectif de travail et reflètent un vécu au travail douloureux », note Technologia. S'en est suivie une baisse de la qualité de service du CE, qui« a conduit à une crispation des relations » avec les salariés de Natixis.
De fait, de nombreux manquements ont été relevés par l'Inspection générale de Natixis dans la gestion administrative des activités sociales et culturelles du CE. Selon un rapport remis en mars 2015, dont « Les Echos » ont pris connaissance, les comptes du CE et du CCE n'ont pas été publiés depuis 2010. D'où un défaut de communication auprès des élus du montant des réserves de ces deux entités qui s'élève à 7 millions d'euros (à fin 2013) pour une trésorerie de 5,5 millions d'euros. Par ailleurs, si des règlements intérieurs ont été mis en place en 2012 pour le CE et le CCE, ils « ne sont pas respectés et aucune sanction n'est prévue en cas de manquement à leurs dispositions », note l'Inspection. Celle-ci n'a pas pu vérifier l'exactitude de la base des bénéficiaires des prestations du CE. Le service comptable ne s'assure d'ailleurs pas que l'ensemble des prestations fait l'objet de règlements des salariés. Et par ailleurs, aucune procédure n'encadre la gestion des appels d'offres et des relations avec les fournisseurs.
Séparation des fonctions
Conclusion de Technologia : « Le mode de gouvernance du CE Natixis […] ne peut plus fonctionner. » Le cabinet note qu'il « serait préférable que les responsables d'activités [du CE, NDLR] acceptent de ne plus disposer de mandat de représentant du personnel ou syndical », de même qu' « un salarié d'une mairie ne peut pas être élu municipal dans la même commune ». Une séparation des fonctions politiques et administratives que l'Inspection générale de Natixis appelle aussi de ses voeux « afin de prévenir les risques de conflits d'intérêts ».
Dans ce contexte, la direction de Natixis avait créé en 2012 un poste de responsable administratif pour transformer l'organisation du travail au sein du CE. La responsable en question vient de jeter l'éponge. Alors que des élections professionnelles viennent de se tenir, les ressources humaines ont annoncé aux salariés du CE une réforme de l'organisation et de la gouvernance dans les prochaines semaines. 

Véronique Chocron, Les Echos

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire