2 février 2015

CFTC INFOS: Pour la CGPME, « Cinq dimanches travaillés, c’est déjà bien suffisant »

CFTC-Paris


François Asselin nouveau président de la CGPME depuis mercredi, a fait hier son baptême du feu des médias dans l’émission « Face aux chrétiens » animée par Dominique Gerbaud et coproduite par KTO. Il était interrogé par Benjamin Rosier (RCF), Louis Daufresne (radio Notre-Dame) et Nathalie Birchem (La Croix).

La dernière séance de la négociation sur la modernisation du dialogue social s’est achevée sur un échec. Pourquoi la CGPME s’est-elle montrée si opposée à une représentation des salariés dans les toutes petites entreprises ?
François Asselin : Au départ nous partions sur le constat qu’il y a 2,5 fois plus d’entreprises de plus de 49 salariés que de 50. Pour passer ce seuil, on a en effet 35 obligations supplémentaires et on estime que ça représente 3 à 4 % du chiffre d’affaires d’une entreprise, sans oublier les contraintes administratives qui s’ajoutent. Nous étions donc pour alléger ce seuil.
Mais, dès le départ, nous avions dit qu’il fallait éviter d’ajouter, en contrepartie, des contraintes pour les entreprises de moins de 11 salariés, que ce serait notre ligne rouge. Car c’est mentir que de dire que le dialogue social n’existe pas dans les toutes petites entreprises. Si un patron n’est pas à l’écoute de ses salariés dans ces petites structures, la sanction est rapide : dans une boulangerie, la fournée du lendemain risque d’être trop cuite. Ou sur un chantier, le trajet qui prend un quart d’heure risque de durer une heure… Vouloir institutionnaliser tout ça c’est tuer le vrai dialogue d’homme à homme qui existe dans les TPE.
La loi Macron sera examinée à l’Assemblée à partir de lundi. Êtes-vous favorable à l’assouplissement du principe du repos dominical ?
F.A. : A la CGPME, nous pensons qu’il y a un sujet pour les grandes zones urbaines, les grands boulevards parisiens notamment, et les zones ultra-touristiques. En dehors, nous disons : attention ! J’ai rencontré beaucoup de commerçants qui m’ont dit qu’ils ne veulent pas déverrouiller les dimanches. Pourquoi ? Parce que le commerçant indépendant, c’est lui qui ouvre le magasin. S’il doit travailler du lundi matin jusqu’au dimanche soir, quand s’occupera-t-il de sa famille ? ! Et pour les salariés, ce sera pareil. Si le gars d’en face a la même activité que la vôtre et qu’il ouvre son commerce, vous serez obligé d’ouvrir. Il y aura un phénomène en cascade.
Nous sommes donc très prudents. Nous disons : laissons la main aux maires. Cinq dimanches, c’est déjà bien suffisant ! On sait très bien que, hors zones très touristiques, le pouvoir d’achat sur sept jours est le même que sur six jours. Sinon, ce sera le grand commerce qui va ramasser la mise. On a fait de ce dossier un emblème de développement économique. Mais allez chercher une étude qui permet d’affirmer que ça va vraiment créer des milliers d’emplois. Nous n’en avons pas trouvé.
Journal La Croix,
23 janvier 2015-N°40094

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