27 janvier 2015

Indemnisés, les trajets domicile-travail en vélo doublent, la Caisse d'Epargne expérimente.




 Par Laure-Emmanuelle HUSSON

challenges.fr


C’est le résultat de l’expérimentation réalisée pendant six mois dans 18 entreprises en France. Une généralisation du dispositif pourrait avoir lieu dans les prochains mois.

Expérimentation à la Caisse d'Epargne de Normandie








Le 1er juin était lancée une vaste expérimentation autour des trajets domicile-travail effectués en vélo. Dix-huit entreprises s’étaient portées volontaires pour mettre en place une indemnité kilométrique vélo (IKV) pour les salariés qui viennent travailler à bicyclette. Pour chaque kilomètre parcouru déclaré, le cycliste était alors indemnisé 0,25 centimes d’euros par sa société, avec un plafond généralement défini entre 30 et 55 euros par mois. Objectif: vérifier que, lorsqu’une compensation financière est proposée, le nombre de salariés prêts à laisser leur voiture ou leur deux-roues motorisé au garage pour pédaler jusqu’au bureau augmente significativement. Le tout dans le cadre d'une loi en préparation pour développer les transports non polluants. 
Près de deux mois après la fin de ce test, l’ADEME, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, vient du publier un rapport d’évaluation sur l’IKV. Il en ressort que les trajets réalisés en vélo entre le domicile et le travail ont doublé avec la mise en place d’une compensation financière. Sur les 8.210 salariés concernés, 380 ont adhéré à l’IKV contre 200 qui utilisaient la bicyclette pour se déplacer avant sa mise en place. La part modale de la petite reine dans l’offre de transports existante est ainsi passée de 2% à 3,6% en six mois. A noter qu’une quarantaine de personnes ont continué à venir régulièrement en vélo sans faire partie du dispositif car l’IKV n’était pas cumulable avec les remboursements de transports en commun.
Parmi les nouveaux adeptes de la petite reine, 54% se déplaçaient auparavant en transports en commun, 19% en voiture et 9% en deux-roues motorisés. Or, l'objectif de départ était bien de convertir des automobilistes au vélo. "On peut donc considérer que les leviers du changement en faveur d’un report depuis la voiture particulière existent mais que la période d’expérimentation reste trop courte et l’intérêt financier insuffisant pour pouvoir réellement franchir le pas pour de nombreux automobilistes" avancent les auteurs de l’étude. Par ailleurs, l’ADEME note qu’en Ile-de-France, où le réseau de transports collectifs est très développé, l’expérimentation a connu moins de succès qu’en province.

"Ça a été une prise de conscience"

Pour l’assureur MMA, qui a proposé cette expérimentation sur ses sites du Mans, Strasbourg, Lyon et Chartes, soit auprès de 4.928 salariés, l’impact a été globalement positif. "Un tiers de nos volontaires n’utilisaient pas le vélo avant. A Strasbourg, la part modale du vélo était déjà relativement importante donc cela a eu un plus faible impact mais au Mans, l’indemnité a eu un véritable effet incitatif", relate Pascale Bergonier, responsable du pôle développement durable chez MMA. Sur ses quatre sites, la part du vélo dans les déplacements est passé de 3,1% à 3,8%, proche de l’objectif initial établi à 3,9% en juin.
Un de ses salariés a même parcouru 2.500 kilomètres pendant ses six mois. Il touchera le maximum de l’IKV prévu par MMA, comme un tiers de ses collègues cyclistes, soit 175 euros sur la période payés seulement ce mois-ci. Quid de la suite? Pour Pascale Bergonier, les salariés devraient continuer à venir en vélo au travail même si l’IKV est suspendue en attendant une loi encadrant son principe. "Ça a été une prise de conscience. Les nouveaux adeptes du vélo ont fortement mis en avant le bénéficie sur la santé et le bien-être donc je pense que la fin de l’IKV n’aura pas ou peu d’impact. C’était juste un élément déclencheur".

Le 14 octobre, les députés ont voté l'amendement relatif à la création de l'IKV. Le montant de cette compensation doit encore être fixé par décret et la loi relative à la transition énergétique votée. Le texte est examiné par le Sénat depuis le 20 janvier
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