14 octobre 2014

Groupe BPCE : travailler à Londres, ça vous ferait rêver vous ? pas eux.



Londres, le paradis perdu des « expats » des banques françaises

Les echos.fr
ANNE DRIF / JOURNALISTE ET VERONIQUE CHOCRON / JOURNALISTE AU SERVICE 

Natixis veut transférer des équipes outre-Manche, mais les traders renâclent à rejoindre la City en contrat local.

Fin de l’eldorado londonien pour les salariés de banques françaises. Des conditions de transfert beaucoup moins favorables ont rendu la City moins attractive. Natixis fait actuellement l’expérience de ce peu d’enthousiasme. La banque de grande clientèle de BPCE avait prévu l’an dernier de transférer à Londres un quart des équipes de son activité de taux, sur la base du volontariat, pour faire face au développement de la base de clientèle à Londres. Mais ce projet semble désormais hypothéqué.
« Il n’y a eu que 6 acceptations fermes, sur 87 attendues, et ce après avoir étendu la durée de l’offre faite aux collaborateurs », note Francis Vergnaud, délégué syndical national du SNB Natixis, qui explique ce manque d’intérêt par les conditions de départ. Les collaborateurs de « fixed income » concernés devront démissionner et passer sous contrat de travail local, soumis au droit britannique, avec la nécessité de s’affilier au système de sécurité sociale britannique pour la santé et la retraite. Natixis s’engage toutefois à reprendre intégralement l’ancienneté groupe du collaborateur dans le nouveau contrat de travail.

« A la fin du mois il ne reste pas grand chose »

Il y a un an, les traders de BNP Paribas avaient été les premiers à donner le signal d’alerte sur les conditions de plus en plus difficiles d’exercice à Londres. Une centaine s’étaient alors révoltés contre l’injonction de la direction d’abandonner leur contrat d’expatrié (ils devaient choisir entre un contrat local ou le retour à Paris après trois ans dans la capitale britannique). « Il ne faut pas se tromper dans les calculs. Entre le taux d’imposition, le coût des études et de l’immobilier, les conditions de vie sont beaucoup plus dures qu’à Paris, souligne un opérateur de marché de la banque française. On fantasme sur les salaires à Londres, mais à la fin du mois il ne reste pas grand chose », dit- il, expliquant que des jeunes de son équipes sont contraints à la co-location.«Nos conditions financières se détériorent alors que le coût de l’immobilier devient de plus en plus élevé », renchérit un autre arrivé à Londres il y a trois ans avec un contrat « expat light », où seules sont prises en charge ses dépenses de sécurité sociale. Celui-ci fait partie des rares qui sont parvenus à renouveler leur contrat d’expatrié, mais dont les conditions sont peu généreuses.

L’atout d’une certaine stabilité

Néanmoins seule une minorité des traders récalcitrants de BNP Paribas serait revenue au siège français. Même si les conditions sont dures à Londres, revenir à Paris ne fait en effet pas non plus rêver ces expatriés. Cela veut dire retrouver son salaire de référence, plus bas. Et la France fait office de repoussoir, les perspectives professionnelles y étant jugées beaucoup plus limitées.
Certains ont même vu dans la démarche du groupe bancaire une opportunité. Car de toute façon, les packages d’expatriés n’étaient pas très attractifs. « On peut douter du système de retraite français, au moins avec le système par capitalisation privée en Angleterre, on a l’assurance de toucher une prime »,observe un opérateur de salle de marché. Pour plusieurs opérateurs au final, l’injonction de la banque française n’est pas dénuée de fondement. « Les banques anglo-saxonnes ont été libres de supprimer des postes par vagues et réembauchent aujourd’hui. Les établissements français eux n’ont pas cette flexibilité ». Il reste que c’est aussi la raison pour laquelle, chez BNP Paribas, on reste. «L’environnement est stable, c’est une bonne maison et la pression y est moins forte», reconnaît un opérateur.
(merci manu)

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